10ème et dernière page des Souliers...
déposé la sandale ailée entre les mains de Pharaon, qui dès cet instant n’eut plus qu’une obsession, retrouver la personne à qui appartenait cette chaussure ailée envoyée par les dieux. Il avait dépêché ses meilleurs soldats à la recherche de la femme qui pouvait bien posséder le pendant de ce merveilleux écrin. Les jours passant, il était parti lui-même poursuivre sa quête jusqu’aux frontières des terres Romaines.
Désespéré par des semaines de recherches infructueuses, Pharaon arriva un jour dépouillé de tous ses attributs aux alentours d’une maison animée. Il avait troqué en vain ses bijoux, ses vêtements, ses sandales, son cheval, en échange de renseignements qui ne l’avaient conduit que sur des fausses pistes. Il était semblable à un mendiant décharné et assoiffé lorsqu’il se présenta sur le seuil de la maison. On vint lui porter une écuelle d’eau et une galette, ainsi qu’un tabouret. Il remercia, bu, mangea un peu, et alors qu’il s’apprêtait à repartir une vieille femme lui demanda :
«- Que cherches-tu mon fils ? »
Il n’eut pas l’énergie de raconter une fois encore son histoire, il se contenta de tendre à la vieille femme le petit paquet qu’il conservait plié dans un papyrus couvert de taches.
Quelle ne fut pas sa surprise quand elle découvrit le soulier ailé manquant. Elle se précipita à l’intérieur au chevet de Vâyu, son visage maigre et marqué de profonds cernes serrait le cœur, mais ne parvenait pas à faire oublier sa souveraine beauté. Sa vie ne tenait plus qu’à un fil. Depuis plusieurs jours déjà, elle serrait sur sa poitrine son dernier éventail. Elle eut encore la force d’entre ouvrir les paupières.
Pharaon se tenait immobile devant elles emplie d’amour et d’humilité. La vieille femme déposa le soulier manquant auprès de celui qu’elles avaient conservé. Pharaon se décida alors à prendre les mains de la jeune fille pour la faire assoire sur le bord de son lit. Il s’agenouilla et lui remit enfin ses souliers d’écailles et de plumes. Vâyu releva alors l’éventail qu’elle tenait toujours, pour protéger des regards indiscrets le baiser qu’elle donna au jeune homme.
La suite est connue de tous, elle fut maintes fois réécrite, déformée, appauvrie. Bien entendu, il vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants qui peu à peu écrirent l’Histoire.
Cependant, personne ne sut jamais ce qu’il advint du faiseur d’ailes, du serpent et de l’aigle.
Nos mémoires reptiliennes, nos mémoires d’Hommes, et nos mémoires d’anges, ont de nouveau perdu le contact.
Pourtant, si nous prenions la peine d’interrompre nos courses éperdues, si au moins par instant nous n’étions pas centré sur notre seul et petite raison, nous pourrions encore percevoir le serpent l’aigle et l’homme, confondus en un seul être ils parcourent les étoiles à la découverte de vastes mondes.
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